Pirates des Caraïbes 4 "La fontaine de Jouvence", critique

 

Première chose que l'on remarque dans ce nouveau numéro des (més)aventures de Jack Sparrow, c'est le réalisateur. Fini Gore Verbinski, bonjour Rob Marshall. Le réalisateur de « Mémoires d'une geisha » (notamment) nous livre un épisode plus pétillant que les autres. Alors que les trois précédents opus avaient un peu de peine à démarrer, avec Rob Marshall, on est propulsés directement dans une Londres du XVIIIème, à vivre moult cabrioles en charrettes, explosions en tous genres et cascades hallucinantes. De quoi donner un avant-goût de la suite.

 

 

Parlons-en des cascades, d'ailleurs. Selon moi, elles relèvent du coup de génie. Si on enlève le fait qu'elles sont probablement impossibles et qu'on se laisse porter par le film et donc que l'on oublie par la même occasion le côté ultra-scénarisé de ces scènes, elles en deviennent incroyables. J'en veux pour preuve l'évasion de Jack Sparrow du palais du Roi d'Angleterre, absolument hilarante et incroyable de par le micmac nécessaire pour en sortir. Si vous n'avez pas vu le film, je vous laisse la découvrir au bas de cet article, en suivant le lien de Disney, elle est vraiment incroyable.

 

 

 Les combats à l'épée sont aussi plus réalistes. Bien plus rapides, plus féroces, et le cadrage concorde. Des plans de caméra très courts, très dynamique, presque du Michael Bay. De là à dire que les plans ont été pensés pour la 3D, je ne pense pas. On n'a pas d'épées qui nous viennent en pleine face ou de pieux qui giclent et qui manquent de nous transpercer. La 3D a le même but que dans « Avatar » (James Cameron), c'est-à-dire la profondeur de champ. Cependant, elle est moins réussie. Hormis quelques paysages et de rares moments où l'on voit vraiment cette 3D (agréable) se manifester, les lunettes ont le gros défaut d'obscurcir l'écran et donc on voit moins bien le décor, dont la luminosité générale est assez faible, et qui est somme toute extraordinaire. Personnellement, j'adore cette ambiance pirates et son décor. Le voir en 2D n'est donc pas un gâchis, au contraire.

 

 

Rob Marshall apporte un nouveau souffle à cette série, surtout au niveau des dialogues. Un Barbenoire au vocabulaire riche et aux tournures de phrases alambiquées (pires que Barbossa dans « La Malédiction du Black Pearl »). Exit Orlando Bloom et Keira Knightley avec leur histoire d'amour pré écrite et sans suspens, bonjour Pénélope Cruz, qui joue le seul amour de Jack (apparemment...). On a désormais affaire à une femme manipulatrice, une sorte de garçon manqué, soit du jamais vu dans l'histoire des PoC. D'ailleurs, il y a une scène sentimentale très drôle à la fin du film entre Jack et Angelica. Exit aussi les dialogues niais au possible entre Will Turner et Elizabeth Swann et bonjour aux répliques lourdes de sous-entendus grivois entre Jack Sparrow et Angelica Teach.

 

Cependant, comme c'est un film Disney, on nous sert tout de même une love story étrange entre deux personnages totalement antagonistes et il se pose d'ailleurs un problème d'éthique professionnelle pour l'un d'eux (pasteur).

N'oublions pas non plus la scène de la mutinerie où Jack entre dans la chambre d'Angelica, et en ressort rapidement, le tout ressemblant fort à une dispute de couple. On a donc un background beaucoup plus intéressant que dans les trois autres opus où les dialogues n'étaient pensés que pour donner l'information et faire un brin d'humour enfantin de temps à autres. Maintenant, il y a plus. Un gamin peut regarder ce film et comprendre l'histoire et un adulte peut aussi le regarder et l'apprécier à cause de ces sous-entendus et autres situations ambivalentes. Cependant, comme dans tout film américain qui se respecte, on a quand même droit à la scène du pathétique. Le genre de scène créée par un stagiaire en mise en scène, qui casse absolument le rythme du film et nous fait remarquer que nous sommes dans une salle de cinéma et non sur une île au milieu du Pacifique. Dans « La Fontaine de Jouvence », cela donne à peu près ceci :

 

Contexte : une sirène est dans un cercueil de verre afin que les pirates puissent en récupérer une de ses larmes.

Rires dans la salle et le film reprend et se rattrape. Tout va bien, on a évité de justesse un sabordage. Au niveau des personnages, on a affaire à un Jack Sparrow plus mature (la vieillesse envahirait-elle Disney ?). D'ailleurs, une partie non négligeable des pirates ont pas mal d'années au compteur, ce qui concorde avec ce qui était dit dans l'épisode 3, comme quoi la piraterie a du plomb dans l'aile. Cependant l'accent est bien moins mis sur cet aspect dans ce nouveau film.

Enfin, comme dit plus haut, exit les deux tourtereaux mais bonjour Pénélope Cruz et aussi Barbenoire (Ian McShane) qui apportent un certain nouveau souffle à la série, même si j'ai eu un peu de peine à cerner ce Barbenoire au début. Il est selon moi pas assez méchant, ou alors sa légende est surestimée dans le film. 

 

Heureusement que c'est encore Hans Zimmer qui compose la musique de cet épisode, on assiste à une continuité rassurante au niveau du fond sonore. Malgré que mon sentiment envers ce compositeur soit ambigu (notamment à cause de la surexploitation de ses « thèmes » qui marchent bien dans tous ses films. Ecoutez donc la musique de PoC, imprégnez-vous en et écoutez ensuite celle de « The Dark Knight »...), cela fait plaisir d'entendre les thèmes connus remis au goût du jour. Par exemple, il a mis une touche espagnole pour la musique « He's a pirate » ce qui est très agréable, et qui concorde avec le film, bien que le lien soit vite fait. D'un point de vue général, la musique de « La Fontaine de Jouvence » est très réussie, je trouve qu'elle colle parfaitement aux scènes et l'on retrouve, comme je l'ai dit, le côté rassurant du « connu ». Selon moi, c'est la plus réussie, ou la plus surprenante, car à plusieurs reprises, Hans Zimmer nous étonne avec des morceaux de tango, ou de guitare, qui sonnent juste mais qui sont étonnants de beauté et qui sont un  peu hors des sentiers battus de l'habituel Hans. Vous pouvez d'ailleurs déjà trouver les musiques sur Youtube (link).

 

Parlons chiffres. Le budget alloué à ce film est de 250 millions de dollars pour 140 minutes de film. Le sommet ayant été atteint (pour le moment) avec le troisième volet, se montant lui à 300 millions de dollars pour 169 minutes de pellicule. « La Fontaine de Jouvence » est donc plus économe pour un meilleur résultat. Le box-office mondial s'élève pour l'heure à 623'716'000 $, sachant que l'épisode 2 a généré 1'066'197'725 $, bien malin est celui qui saura si oui ou non le record sera battu, sachant qu'il faut débiter le budget au box-office.

 

Au final, « Pirates des Caraïbes, la Fontaine de Jouvence » est un très bon blockbuster, à voir en 3D ou pas, aucune nécessité n'ayant lieu d'être ici. Je trouve que ce dernier opus est comme boire de l'eau gazeuse après trois litres d'eau plate. Un scénario bien ficellé et aux rebondissements incessants et inattendus font de ce film une vraie curiosité. D'ailleurs, et bien heureusement au vu de la réussite de ce quatrième volet, un cinquième est annoncé comme à chaque fin de film, une micro-scène à la fin du générique que je vous laisserai découvrir dans vos salles obscures.

 

Et le lien pour la cascade du palais: http://www.disney.fr/pirates-des-caraibes/videos/evasion-du-palais.jsp